Les vignes de Pingus se situent dans le petit village de La Horra (pour l’anecdote, c’est dans ce même village que se trouvent les vignobles d’autres de nos Ribera – ceux de Roda, Corimbo et Corimbo I. Leurs parcelles ne sont qu’à un jet de pierre de là).
Comme ce vignoble n’est pas extensible, le volume de production de Pingus ne pourra donc jamais augmenter. Mais vue la renommée acquise par Sisseck dans la région, il n’a pas tardé à être contacté par de vieux viticulteurs qui souhaitaient cesser leur activité et n’avaient pas d’héritiers prêts à la continuer, et qui n’avaient surtout plus envie de vendre leurs raisins trop bon marché à d’autres producteurs. A long terme, il est plus rentable d’arracher les vieux plants des différents clones de Tempranillo de la zone et de replanter de nouvelles vignes, car le rendement des vieilles vignes est toujours plus bas celui des jeunes vignes, avec les nouveaux modes de conduite.
Sisseck n’avait pas besoin de ces vignes pour son Pingus, mais il trouvait quand même dommage pour l’appellation que ces vieilles vignes se perdent, et que de grands mastodontes du vin mettent la main sur ces parcelles pour les arracher et les replanter. En 2007, il décida donc de mettre en place une forme de coopération avec les viticulteurs. Les règles en étaient très strictes : les vignes devraient être entretenues selon un cahier des charges précis, tout en biodynamie. Mais en compensation, le viticulteur recevrait un prix beaucoup plus élevé pour ses raisins. De cette manière, le patrimoine le plus important de la Ribera del Duero, à savoir ses vieilles vignes, serait préservé, et les vieux viticulteurs auraient droit à une belle retraite.
2007, le premier millésime de ce projet, fut un grand succès.
Il se trouve que j’en ai mis de côté, car c’est l’année de naissance de ma fille Marta. C’est pourquoi j’en déguste de temps à autre. Et l’évolution de ce vin est incroyable. Il faut tenir compte du fait que la vinification, ici, est très traditionnelle. Les vins sont fermentés en cuves ciment. Puis l’élevage se fait pour partie en foudres de 700 litres et pour partie en cuve ciment. Le résultat: un vin particulièrement élégant. Pour ce vin, Peter ne travaille pas qu’avec du Tempranillo, mais aussi avec du Grenache – ce dernier cépage étant bien présent dans les vignobles de la Province de Soria, où il se fournit.
Dix ans plus tard, en 2017, ce projet était devenu très important pour la région : au total, pas moins de 841 petites parcelles de 27 villages étaient vendangées pour ce vin, soit 225 ha (ce qui nous donne à peine 0,27ha par parcelle). Le rendement s’établissant autour de 1.500 kg/ha, soit moins de 10 hl/ha. Un chiffre ridicule si on le compare avec ceux des vignobles classiques, entre 30 et 60 hl/ha)!
Cette année-là, la vendange a démarré le 19 septembre dans le village de Villalvaro (province de Soria) et a duré jusqu’au 29.
L’année 2017 a surtout été marquée par les gelées du 28 avril. D’où un rendement plus faible qu’en 2016. Mais qualitativement, le résultat est grandiose !