Teófilo Reyes, parrain de la Ribera del Duero
Téofilo Reyes est une légende vivante de la dénomination Ribera del Duero; c’est lui, en grande partie, qui lui a donné son visage actuel. Car avant lui, si l’on excepte Vega Sicilia, on faisait plutôt ici des “claretes”, des vins faciles à boire, plutôt que le type de vins pour lesquels la Ribera est connue de nos jours.
Teófilo est né à la La Horra en 1922. Chimiste de formation, il entre en 1948 comme chargé de cours à l’école d’œnologie de Haro. Jusqu’à sa retraite, en 1987, Teófilo y enseigne physique et de chimie; il forme et influence ainsi plusieurs générations d’œnologues et de scientifiques.
Il participe à la fondation de plusieurs coopératives où il enseigne aux techniciens à faire du vin. En 1954, il prend même la direction de la Bodega “Ribera Duero” à Peñafiel (fameuse pour son “Protos”). A ce moment là, on ne parle pas encore d’une D.O. Ribera del Duero !
Téofilo reste chez Protos jusqu’en 1972, mais deux ans plus tard, il fait la connaissance d’Alejandro Fernández, à Pesquera de Duero. Teófilo crée alors le Pesquera et en fait, pendant des années, la référence des vins de la région. En 1992, après vingt ans où il s’investit corps et âme dans ce projet, il est mis fin à la collaboration, de manière assez abrupte. Mais à 70 ans, Teófilo se sent encore trop jeune pour ne rien faire. Avec l’aide de ses deux fils Juanjo et Luís, il fonde à Peñafiel les “Bodegas Reyes”.
Son premier millésime, le 1994, est d’emblée classé en Amérique comme un des dix meilleurs vins au monde. Depuis, sa réputation n’a fait que croître. Son style: classique, avec un beau velouté en finale. Entretemps, Reyes élabore aussi un “petit vin”, le Tamiz. Et dans les grandes années, un Reserva.
Teófilo est mort le 25 mai 2016, à l’âge de 94 ans. Le nouveau propriétaire, Pruden Zuazo Gaston, a redonné au domaine le nom de Teófilo Reyes; il est particulièrement fier du parcours de Teófilo, auquel il est rendu hommage jusque sur les étiquettes : son profil apparaît sur celles du Grand Vin de la bodega. Un beau coup de chapeau pour un grand monsieur.
Nous avons commencé à travailler avec ce domaine avec le millésime 1996, un de leurs tous premiers millésimes. Le vin était encore très rare et nous n’avons pu en obtenir que 120 bouteilles pour toute la Belgique. Teófilo faisait encore tout tout seul à la bodega et s’occupait lui-même des visites guidées.
Après la visite, il nous a emmenés au grill de sa belle-fille, où ses vins se mariaient superbement bien avec le cochinillo ou le lechazo (cochon de lait). Ce sont là pour nous de beaux souvenirs d’un grand œnologue et d’une belle personne.
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