Vous Avez dit "Minéralité"?
Le mois consacré à la “Tournée minérale” est enfin derrière nous, intéressons nous main-tenant aux vins minéraux. Minéral est un terme utilisé assez récemment dans les commentaires de dégustation.
Très à la mode, il fait partie du vocabulaire de base des dégustateurs au même titre que “arômes de fruits rouges ou de fleurs blanches”. Ces des-criptifs évoquant des fruits ou des fleurs sont faci-lement compréhensifs et aisément partagés par les amateurs de vin. Par contre reconnaître et décrire la minéralité d’un vin est plus compliqué. Et pour-tant ce terme a tendance à ce banaliser.
Comment la percevoir et la décrire ?
Le terme de “minéralité” est assez ambigu et son utilisation controversée ne fait pas toujours l’una-nimité des spécialistes. Ce concept de minéralité, difficile à définir, se confond avec les notions de sa-linité, d’acidité et d’iode. Il existe en effet un lien entre minéralité et sels minéraux. La minéralité se perçoit en deux étapes. Au nez, c’est l’odeur du si-lex qui marque la minéralité. Ou plutôt l’odeur dé-gagée par deux pierres qui sont frottées l’une con-tre l’autre. Cette perception olfactive est décrite dans la littérature œnologique comme arôme de “pierre à fusil”. D’autres arômes dérivés comme le graphite, le pétrole, la craie ou les coquilles de crustacés sont également détectées.
En bouche, c’est un peu plus compliqué. Qui a déjà sucé un silex, croqué un coquillage, ou bu un verre de pétrole ? La description des saveurs miné-rales est donc plus difficile à exprimer. Les saveurs minérales sont associées à la salinité et à l’acidité qui provoque une sensation de fraîcheur. Le meilleur exercice, est la dégustation d’une eau chargée en sels minéraux comme Vichy ou Badoit en comparaison de Chaudfontaine ou Bru.
D'où vient cette minéralité?
La minéralité a un lien avec le terroir et le cépage. La roche mère composée de craie, de silex ou de granit pourrait libérer des éléments minéraux assi-milables par les racines et susceptibles d’être libé-rés dans le raisin pour finalement s’exprimer dans le vin. Cette explication ne convainc pas les scienti-fiques qui rétorquent que la saveur provient de molécules organiques carbonées volatiles et donc que les molécules minérales non volatiles (Mg, Ca, K,..) ne sont pas perceptibles au goût ou à l’odorat.
Certains cépages offrent des arômes qui évo-quent la minéralité. On pense au sauvignon, au melon de Bourgogne, au riesling au verdejo ou au chenin. En réalité les molécules volatiles olfactives que le dégustateur identifie comme de la minéralité ne sont pas présentes dans le raisin. En effet, un jus de raisin est inodore. Ces cépages propices aux arômes minéraux sont riches en précurseurs d’arômes qui répondent au nom de Thiol. Lors de la fermentation, des composés organiques vont se développer et marquer le vin d’un caractère minéral.
Si la sensation de minéralité est assez subjective et son interprétation très personnelle, une belle minéralité est toujours le reflet d’un grand terroir et d’un grand vin.
Où trouver les meilleurs vins minéraux?
La minéralité est en principe évoquée pour les vins blancs. Les vignobles plantés avec des cépages spécifiques sur des sols ou sous-sol rocheux comme le schiste, le granit ou la craie (appellé tufau en Loire) se distinguent par leur minéralité. En tête de liste figurent les vins minéraux de la Loire comme le muscadet, le sauvignon de Touraine ou le sancerre. Il y a également le chablis, parmi les cé-lèbres vins blancs minéraux de Bourgogne, et le champagne. Difficile de ne pas mentionner le riesling d’Alsace et d’Allemagne ou en Espagne les vins de Rias Baixas. Au Portugal, près de Rio Maior, dans l’AOC Tejo, les vignobles qui côtoient les mines de sel produisent des vins marqués par la mi-néralité.
- Baudoin Havaux